Je me souviens encore que pour mon premier « vrai » trail il y a quelques années – le format marathon de la Maxi-Race à Annecy –, je n’avais quasiment pas dormi de la nuit parce que j’avais oublié ma brassière chez moi à Paris. Mais ça, c’était avant. Désormais, et depuis quelques années déjà, je cours en mode « no bra ». Sans brassière, sans soutien-gorge, sans rien. Comment j’en suis arrivée là ? Par étapes. D’abord, j’ai porté des brassières de sport classiques. J’ai essayé à peu près toutes les marques les plus reconnues sur le marché. Avec ou sans rembourrage (pire concept de la terre soit-dit en passant, et encore plus quand on fait du sport et qu’on sue). Résultat : soit trop serré (même avec la bonne taille), soit qui brûlait des zones de la peau en raison des frottements. Et toujours trop chaud. En trail, sur du long à très long (plusieurs jours), ça peut vite être un calvaire.
Deuxième étape, dont l’idée m’est d’ailleurs venue lors de cette Marathon-Race, opter pour un soutif du quotidien. Faute de brassière de sport, je me suis dit que je pouvais au moins courir avec mon soutien-gorge sans armature en fine laine mérinos (le génial modèle Siren de la marque Icebreaker). Petite précision : je suis bonnet A/B. Pas une grosse poitrine donc. Cette expérience fut un bonheur ! Le mérinos régule bien la chaleur, évacue de manière OK la sueur… et irrite bien moins, selon mes observations, la peau même si ce n’est pas parfait.
Une histoire de Tour Eiffel
Et puis un jour, je ne sais plus trop pourquoi, sans doute parce que j’avais déjà commencé à ne plus porter de soutif au quotidien. Bref, je me suis dit que j’allais sortir courir sans rien, juste pour voir. Pas un truc bien long, moins d’une heure, moins de 10km, pour me faire une idée. Évidemment, j’avais en tête les articles rédigés (par moi-même ou d’autres) sur le sujet. La soi-disant nécessité de limiter les mouvements. D’apporter du soutien justement. Et ce souvenir un peu débile d’un chiffre choc du genre « en courant 10 km, votre poitrine se déplace de bas en haut sur l’équivalent de la hauteur de la Tour Eiffel ». Et après ?! Peut-être bien que ma poitrine est faite pour se déplacer sur la hauteur de la Tour Eiffel ! (meilleure quote si vous voulez mon avis…)
Je me lance en « no bra ». Il faut quand même avouer que les sensations étaient assez bizarres sur le premier test. L’impression qu’il manque un truc, un sentiment un peu bizarre. Pas forcément hyper agréable de prime abord mais pas douloureux non plus. La preuve, j’ai persisté. Et je me suis habituée. Surtout que dès que j’allonge la distance ou le temps passé sur les chemins, je prends un sac de trail. Sac qui maintient quand même un peu la poitrine. Bilan après quelques années sans ne plus mettre de soutien-gorge ? Ma poitrine ne s’est pas décrochée, mes seins ne sont pas tombés au niveau de mon nombril, je n’ai pas de douleur… tout va bien ! Je me vois mal revenir en arrière.
Brûlures de course, quand prendre une douche devient un calvaire
Ces dernières années, je mettais encore un soutif (l’Icebreaker Siren donc) pour les longues épreuves, les ultras qui duraient une vingtaine d’heures ou plus. La raison en était que ça me simplifiait la vie aux ravitaillements quand je voulais changer de T-shirt. Mais je finissais toujours avec quelques brûlures dans le dos ou sous la poitrine. Celles qui font que, quand vous entrez sous la douche après une (ou deux) nuit blanche sur le sentier, vous ne pouvez pas vous empêcher de hurler de douleur quand l’eau touche pour la première fois la plaie. Une plaie, le nom est bien donné d’ailleurs.
Qui a envie de cette sensation horrible quand tout est terminé, que la seule épreuve qui reste est de se laver, d’éventuellement manger un peu, et de se coucher ? Pas moi. Alors l’année dernière, pour la TDS avec des températures assez élevées annoncées, j’ai décidé de ne pas en mettre. 0 sous-vêtement puisque j’ai aussi abandonné la culotte, mes shorts ayant des culottes intégrées. Le minimalisme, ça a du bon à ce qu’il paraît.

No bra validé sur une TDS (et un marathon sur bitume)
Après plus de 40 heures de course et par des conditions météo assez chaudes, je suis entrée sous la douche en craignant le pire. Je n’avais pas trop regardé de près mais j’avais senti, en cours d’épreuve, quelques débuts de brûlures dans le dos (le sac frotte aussi, y’a pas de miracle). J’avais d’ailleurs mis, une ou deux fois, un peu de vaseline sur quelques points rouges lors de ravitaillements « dans l’espoir de ». Après plus deux nuits et trois jours, la douche tant attendue est enfin là. Et là, bonheur ultime : l’eau chaude glisse sur ma peau sans me faire hurler. Pas de brûlure, pas de douleur. Un vrai miracle. Allez me faire mettre une brassière après ça !
Et quand tu as changé tes fringues en course, allez-vous me demander ? Bah, faut se contorsionner, demander à ses proches d’apporter une petite serviette, utiliser son sac de trail comme paravent improvisé… mais ça se fait. Mon voisin de table anglais m’a même félicité sur ma technique au Cormet de Roselend (changement de T-shirt ET de short messieurs-dames !). Mais d’une manière générale, faut surtout oublier la pudeur en course…
La science a parlé : le soutien-gorge, c’est une arnaque
Ça fait quelques mois que je voulais vous parler de ma décision d’abandonner le soutif. C’est quand je suis retombée sur une étude scientifique sur le sujet que j’ai eu le déclic. Au milieu des années 2010, le professeur Jean-Denis Rouillon du CHU de Besançon avait publié une expérience menée sur 15 ans. Selon l’étude, porter un soutif (dans la pratique sportive ou au quotidien) aurait plutôt un effet négatif, poussant au relâchement des tissus (de la poitrine, s’entend). Les seins sont davantage musclés et toniques. D’autres études plus récentes viennent confirmer mes expériences.
On peut aussi courir sans soutien-gorge et sans sac de trail avec de bons chocs sur du bitume pendant de longs kilomètres. Je l’ai expérimenté durant le Marathon pour Tous pendant les Jeux Olympiques de Paris 2024. Aucune douleur ni inconfort. Mais j’ai vraiment flippé pour mes tétons, comme les mecs qui finissent en sang. N’ayant jamais eu le problème, je n’avais pas anticipé le combo grosse chaleur + fort taux d’humidité + débardeur 100 % polyester de la Team Orange. Au kilomètre 13 environ, je commence à sentir des sensations un peu bizarre. Un début d’irritation. J’ai même hésité à m’arrêter dans une pharmacie pour acheter des pansements en prévention. Et puis j’ai été joueuse et je suis allée jusqu’au bout. Sans finir avec les tétons en sang. Bref, mes seins sont entraînés 😂
Bonjour,
A tester effectivement. Perso pour éviter de crier sous la douche après mes ultras, je mets maintenant des bandes de k-tape sous la poitrine et dans le di au niveau de la brassière et du bas du sac. Ça marche vraiment bien 😊
Oui, une autre possibilité, qui fonctionne assez bien !
Je crois que je vais me laisser tenter aussi… après des années à essayer toutes les brassières du marché, j’ai toujours la peau brûlée même avec des modèles sans coutures, et après seulement 3h de course !