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A l’assaut du Kilimandjaro, direction le sommet de l’Afrique

Il est 5 heures du matin et je rentre dans le dur. Levée depuis la veille au soir, partie à minuit à l’assaut du sommet du Kilimandjaro, j’ai froid, je suis fatiguée et je commence sérieusement à me demander quand arrivera ce satané Uhuru Peak qui me fait rêver depuis tant d’années. C’est le point ultime, le sommet qui culmine à 5892 mètres. Au-dessus de ma tête, des petites lumières se balancent et m’indiquent que ce n’est pas pour tout de suite. 

Des personnes, parties plus tôt ou plus rapides, sont elles aussi en pleine ascension et leurs lampes frontales dansent au-dessus de nos têtes. Nous montons en fil indienne dans un chemin constitué de rochers, de cendre volcanique et d’un peu de neige éparse. C’est une simple balade, sans aucune difficulté technique, mais l’altitude rend tout plus compliqué. Au sommet, l’air contient 50 % d’oxygène en moins qu’au niveau de la mer.

Un des camps d'approche avant l'assaut vers le sommet du Kilimandjaro. Photo : Florence Santrot
Un des camps d’approche avant l’assaut vers le sommet du Kilimandjaro. Photo : Florence Santrot

« Pole pole », marcher lentement pour marcher loin

Amos, notre guide, nous a bien expliqué tout cela la veille au soir : « Nous allons marcher ‘pole, pole’, c’est-à-dire très très lentement. Nous nous arrêterons toutes les 30 minutes environ et pendant 2 minutes maximum à  cause du froid ». Pour la durée des pauses, il disait vrai. Pour la régularité… Ce n’est qu’une heure et demi après notre départ du camp, situé à 4.600 mètres, que nous reprenons notre souffle. Erick, un Allemand, et moi, sommes accompagnés d’un guide et de son assistant.

Ils ont pour mission de nous emmener coûte que coûte au sommet, à moins que nous présentions des signes du mal aigu des montagnes. C’est pour cela qu’à chacune de nos quatre pauses, Amos scrutera nos yeux, notre langue et nous posera des questions de base : « c’est quoi ton nom ? », « comment te sens-tu ? »… Au moindre signe inquiétant, il nous redescendra le plus vite possible en bas de la montagne. Les autres symptômes (céphalée, envie de vomir ou diarrhée) ne sont que des effets secondaires bénins de l’altitude.

Aperçu du sommet enrobé de nuages au coucher du soleil. Photo : Florence Santrot
Aperçu du sommet enrobé de nuages au coucher du soleil. Photo : Florence Santrot

Kilimandjaro : tout se joue à l’acclimatation

Jusqu’ici tout va bien, même si un mal de tête tenace fatigue Erick depuis quatre jours. De mon côté, l’acclimatation s’est bien passée, j’ai eu de la chance. A raison de cinq à six litres d’eau par jour et en se forçant à manger (l’appétit a tendance à disparaître avec l’altitude et les maux de tête donnent la nausée), je n’ai pas eu besoin de prendre de l’aspirine, préférant m’allonger dans mon duvet sous la tente quand la pression sanguine dans la cerveau se faisait un peu trop forte. Tout va bien mais je n’ai jamais eu aussi froid que cette nuit-là.

Pour me réchauffer à la deuxième pause, j’ai décidé de boire un peu d’eau chaude. C’est descendu tout seul… et remonté aussi vite. Vomir son porridge de 23 heures à 5200 mètres, voilà une expérience dont je me serais bien passée. Mais c’est libérateur : le mal de tête s’en est allé. Reste ce froid polaire. Quatre couches de vêtements en bas, cinq en haut ne suffisent pas à faire oublier les -20 °C avec du vent, soit un ressenti de -30 °C environ. Je sens de moins en moins mes doigts de pieds et mes mains. Les muscles de mon visage sont gelés. Je ne rêve que d’une chose : que le soleil se lève.

Arriver au sommet du kilimandjaro au lever du soleil

Les neiges éternelles (qui n'existeront bientôt plus) au sommet du Kilimandjaro juste avant que le soleil ne se lève. Photo : Florence Santrot
Les neiges éternelles (qui n’existeront bientôt plus) au sommet du Kilimandjaro juste avant que le soleil ne se lève. Photo : Florence Santrot

Et puis un peu avant 6 heures, nous arrivons à Stella Point. Le plus dur est fait. Ce premier sommet du Kilimandjaro culmine à 5 735 mètres. Je fais un tour sur moi-même et une bouffée d’émotion me gagne : c’est sublime. Une demi heure plus tard, au moment précis où le soleil se lève et totalement gagnée par l’euphorie, je touche du doigt le panneau m’annonçant Uhuru Peak. Je suis arrivée ! J’y suis arrivée ! 

A 5892 mètres, au sommet du Kilimandjaro le 24 février 2014 à 6h39 du matin : la joie à l'état pur et l'émotion. Photo : Florence Santrot
A 5892 mètres, au sommet du Kilimandjaro le 24 février 2014 à 6h39 du matin : la joie à l’état pur et l’émotion. Photo : Florence Santrot

Mille fois plus beau que ce que j’avais imaginé

Je pleure de joie, gagnée par ce trop plein d’émotions contenu dans l’effort accompli ainsi que par ces paysages extraordinaires. J’avais vu de nombreuses photos, lu des livres, j’avais rêvé ce sommet. Ce que je vois – les glaciers, la mer de nuages à nos pieds, cette vue à 360° sur les plaines de la savane et le soleil qui teinte le ciel en orange – est mille fois plus beau que ce que j’avais imaginé. Amos, tout sourire, me lance : « Florence, tu te rends compte : tu es sur le toit de l’Afrique ! ». Et j’y suis bien.

Après 20 minutes au sommet (en moyenne les gens y restent 10 minutes), nous entamons la redescente. Après une courte sieste à notre retour au camp le plus élevé, nous repartons vers l’entrée du Parc national en passant par la voie la plus rapide… mais dont les grandes marches ne feront pas de cadeau à nos articulations. Vers 18h, notre périple touche à sa fin. Nous fêtons cela avec une bière bien fraîche. Une Kilimandjaro, what else ?!


Informations pratiques pour le Kilimandjaro

  • Il n’y a absolument aucune difficulté technique pour gravir le kilimandjaro. Tout se joue lors de l’acclimatation (l’adaptation à l’altitude), la gestion de la fatigue et du froid. Des personnes de 20 ans comme de 70 ans gravissent ce sommet tous les ans.
  • La voie Machame est celle que je vous conseille. Elle vous fera passer par le plateau de Shira avec sa forêt tropicale (et ses pluies à l’avenant), le col de Lava Tower au pied de la brèche ouest, la face sud puis la voie Barafu en passant par le Barranco Wall. Un itinéraire sauvage et sublime.
  • Il est possible de passer par des organismes français mais ces derniers font ensuite appel à des guides locaux (obligatoires) donc il est souvent plus intéressant financièrement de s’adresser directement à un organisme tanzanien. Seule exception : si vous ne parlez pas du tout anglais et avez besoin de guides français en complément. Il vous en coûtera environ 2000 euros (tout inclus : repas, tentes, portage) en bookant avec une équipe sur place, 2500 euros au minimum en passant par Terdav par exemple. Attention, ce prix ne comprend pas le transport aérien jusqu’à Arusha.
  • Pensez aux pourboires ! Il est d’usage de donner un « tip » à chaque porteur/cuisinier/guide. Comptez environ 20 dollars par guide, 12 par assistant-guide, 12 pour les cuisiniers et 6 pour les porteurs. Evidemment, il est tout à fait possible de les rémunérer davantage.
  • Emportez des vêtements chauds dont vous voulez vous séparer. Les porteurs et cuisiniers sont souvent très peu chaudement vêtus. Ils seront très contents de récupérer polaires, pantalons techniques et autres chaussures dont vous n’avez plus l’usage.
  • Il vous faudra vous équiper pour cette aventure : un duvet bien chaud (température confort -20/-30 °C, il est possible d’en louer sur place mais on vous le déconseille, mieux vaut en louer un depuis la France ou en acheter un d’occasion que vous revendrez à votre retour), des vêtements bien chauds (pensez multicouches et textiles techniques mais préférez des matières naturelles comme la laine mérinos car il n’est pas possible de se laver pendant toute l’ascension).
  • Pour un voyage plus responsable, prolongez votre séjour sur place en combinant votre ascension avec un safari (à faire une fois que le sommet est derrière vous, quand vous aurez l’esprit tranquille). Il existe même des formules en voiture électrique et lodges green. Le Serengheti et le Tarangire n’attendent que vous !

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