On dit souvent qu’un ultra trail se court au « mental », or ce facteur clé de performance est rarement travaillé en amont. Anthéa Juin, elle-même athlète de la team New Balance, est formée au DU « Préparation mentale du sportif ». Elle aide les sportifs de tous horizons et de tous niveaux à optimiser leur potentiel et trouver du bien-être dans leur pratique. Elle nous a donné quelques conseils pour être plus fort le jour J.
– On dit souvent qu’un Ultra trail se court au « mental » qu’est-ce que cela veut dire ?
– Tous les sports demandent l’intervention du mental mais peut être qu’on le remarque davantage dans l’ultra trail car la part du mental dans sa réussite (ou son échec) est encore plus visible. Il semble nécessaire de savoir vraiment pourquoi on est là, pourquoi on le fait, de bien connaitre sa motivation profonde. Pour avancer et aller jusqu’au bout, il est aussi important de réussir à dompter ses pensées négatives ou de savoir sur quoi se re-concentrer quand on est en difficulté.
– Est-ce quelque chose qui peut se préparer en amont d’une course comme le physique ?
– Tout ou presque tout se prépare en amont de la course. Il s’agit bien d’une « préparation » mentale et non d’une « réaction » mentale. Plus tu auras défini tes schémas mentaux de course en amont, élaboré des stratégies pour faire face aux difficultés ou encore anticipé mentalement les différentes émotions, sensations, pensées qui pourrons te traverser pendant la course, moins il y aura d’éléments de surprises perturbateurs pendant cette dernière.
– Quels conseils de base donnerais-tu à un sportif qui prépare un ultra ?
– Il n’existe pas de formule magique mentale, nous sommes tous différents, avec nos traits de personnalités singuliers et notre propre bagage personnel et émotionnel… mais si je devais donner trois conseils pour muscler le mental des coureurs qui se lance dans un ultra, je dirais :
1. Mets au clair ton objectif.
C’est la base ! Ne te focalise pas seulement sur ton objectif de résultat (par exemple gagner la course) car c’est un résultat qui ne dépend pas de toi. Définis en détail les actions concrètes que tu vas mettre en place pour y parvenir (changer de chaussures à mi-course, toujours sortir mes bâtons en montée, embrasser systématiquement mes accompagnateurs aux ravitos etc.). Cela te permettra de toujours être focus sur toi, sur ce que tu peux contrôler et de toujours te replacer dans le moment présent, dans la tâche. Et n’oublie pas de définir ce que tu veux plutôt que ce tu ne veux pas ! Préfère un « Je veux manger quelque chose toutes les 40 min » à un « Je ne veux pas faire d’hypo ».
2. Travaille ton discours interne.
Prends une feuille et un stylo et écris toutes les pensées parasites qui pourraient arriver pendant la course. Apprends à les reconnaitre en amont. Puis écrit les pensées « bouclier » que tu peux mettre en face de ces pensées négatives, sans négation ni injonction : Par exemple, à la pensée « Je n’y arriverai jamais, c’est foutu » on peut répondre « Je me suis entrainée pour, je sais que tout passe toujours ». Apprends par cœur ces pensées boucliers pour qu’elles soient plus facilement activables pendant la course. On ne peut pas s’arrêter de penser mais on peut toujours penser à autre chose !
3. Définis ton intention pour la course.
Qu’as-tu envie de ressentir ? Comment as-tu envie de vivre cette course ? Quel coureur as-tu envie d’être ? En qui / en quoi as-tu envie de transformer ? Fait marcher ton imagination et vis ces intentions dans ta tête encore et encore. Tu pourras alors plus facilement t’y référer pendant la course pour ne jamais les perdre de vue, même quand ça devient dur ! Notre imagination est le socle de toutes nos réussites.