« Pourquoi tu cours ? » est une question que l’on me pose souvent. La réponse que je tente alors de formuler convainc rarement mon auditoire. Surtout quand ce dernier ne partage pas la passion de la course à pied et a probablement des idées pré-conçues. Et pourtant, il y a tant à dire ! Alors, prenons le temps d’en parler.
La première de la famille à « aimer » la course à pied
J’ai la chance de partager le goût du sport en général et du trail en particulier avec mon mari. Mais le reste de ma famille, notamment mes parents, sont jusqu’à récemment restés assez hermétiques à cette pratique. Plus qu’un désintérêt total, je pense pouvoir dire sans exagérer qu’ils trouvent totalement « absurde » le fait de mettre un dossard pour courir pendant des heures.
Récemment, au détour d’une conversation où l’on évoquait ma dernière course, ma mère m’a glissé une drôle de remarque. « De toute façon je sais pourquoi tu cours (…) c’est pour que les autres le voient« . Sur le coup, j’ai éclaté de rire, et lui ai répondu que ce n’était pas du tout ça. Mais sa phrase m’est ensuite revenue en mémoire et je me suis demandée comment elle avait pu penser cela.
Peut-être que je n’ai pas su lui raconter POURQUOI je courais. Les raisons sont-elles si personnelles qu’on les dit rarement ? Peut-être que le « pourquoi » est si ancré en nous que nous ne l’exprimons que difficilement…
« Pourquoi » avant « Comment » et « Quoi »
Quelques jours plus tard, le sujet m’est revenu en tête en écoutant (en courant ;)) l’épisode du podcast de Matthieu Blanchard sur le Pourquoi… Il y donne le micro à plusieurs runners et coachs qui expriment ce qui les pousse à courir (ou à faire courir). Non seulement les témoignages sont variés, mais il est intéressant de voir que le « pourquoi » évolue parfois dans le temps. On commence à courir pour une raison… et on continue ou on fait évoluer sa pratique pour d’autre(s).
Avoir une bonne raison de courir – tout comme d’exercer son métier – est essentiel pour rester motivé, même dans les moments plus difficiles. Et pour avoir une chance de sortir de la catégorie « absurde », il serait bon que nous, runneurs, tentions plus souvent d’exprimer notre « pourquoi » plutôt que nos expériences de course. En faisant cela, on pourrait même, qui sait, donner envie de chausser des baskets à une nouvelle personne.
Un plaisir inattendu… sur le tard
Pourquoi ai-je (re)commencé à courir ? Malgré une enfance très sportive et mes facilités à le pratiquer, le footing avait toujours été mon pire cauchemar. L’activité qui ne me procurait absolument AUCUN plaisir et que je ne pratiquais que sous la contrainte :).
Ce n’est qu’à l’aube de la quarantaine que les choses ont changé.
Des objectifs précis m’ont incitée à reprendre la course à pied : d’abord, la nécessité d’être en bonne forme physique pour réaliser des reportages sportifs, puis l’inscription par une amie à un 10K, ensuite un semi, un marathon. En un an, je suis passée du tout premier footing de 4 km (avec alternance marche/course, au bord de la syncope) à 42 km au pied de l’Arc de Triomphe. Je n’avais rien vu venir mais j’étais picousée.
Le bien-être physique et mental que me procurait la course à pied a très vite contribué à mon équilibre et rejailli sur ma vie. C’est difficile à expliquer, mais le fait de repousser des barrières en course à pied – par exemple boucler mon premier marathon – m’a permis de gagner en confiance dans d’autres domaines et tenter des choses dont je ne me serais pas sentie capable avant.
Ce n’est pas un hasard si j’ai repris des études et créé mon entreprise à ce moment. La course à pied a été, dans les premières années, le domaine dans lequel je puisais l’énergie et la confiance pour agir dans tous les autres pans de ma vie.
Élargir le champ des possibles
Aujourd’hui, ma pratique de la course à pied n’a plus grand chose à voir avec celle des débuts. J’ai troqué la route pour les chemins (si possible en montagne) et plus il y a de kilomètres, plus je prends mon pied.
Je cours pour une multitude de raisons.
Dans le désordre : pour me sentir libre/vivante, pour réguler mes pensées, pour prendre des décisions, pour découvrir/explorer des endroits, pour rester en bonne forme physique et faire mon métier sans me blesser, pour cultiver cette confiance en soi qui me fait trop souvent défaut, pour avoir de l’énergie, pour bien dormir, pour vivre des moments hors du temps, des émotions intenses… C’est un parfait mix entre bénéfices physiques et psychologiques.
Pourquoi ai-je déjà envie de courir un 170km après avoir bouclé un 100km ? Parce que quand on repousse une limite que l’on pensait infranchissable, cela ouvre un nouveau champ de possibles. C’est un sentiment merveilleux, qui permet de faire des pas de géant dans sa vie. Je souhaite à tout le monde de ressentir un jour ce sentiment. Alors non, maman, cela n’a rien à voir avec ce que les autres voient ou en pensent 🙂 Convaincue ?
Et toi, pourquoi tu cours ?
Émouvant et instructif à la fois, tu m’as motivée !
Lila
J’adore !!! Merci pour cet article !!!
Très bel article ! En effet, on met rarement des mots sur cette passion enivrante, dévorante car entre passionnés, on se comprend d’un regard.
Oui, on se comprend entre runners, avec même un vocabulaire qui nous est propre… mais on s’isole parfois de certains « non pratiquants » 😉
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