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XL-Race en 2 jours à Annecy : un trail qui donne des ailes

C’est dur, c’est brutal mais qu’est-ce que c’est bon ! L’ultra trail a ceci d’unique qu’il nous ramène à quelque chose de primitif en nous. On part pour une aventure et c’est une vie entière, avec ses hauts et ses bas, que l’on éprouve sur les sentiers. Des instants partagés avec les autres trailers autour de nous mais surtout des instants vécus en nous-même, pour aller chercher les ressources pour avancer, coûte que coûte. Ce week-end, avec Julie, nous avons expérimenté la XL-Race dans le cadre de la MaXi-Race à Annecy. 5000 mètres de dénivelé positif au total. 48 km le premier jour, 45 km le second.

Le principe est assez simple – mais pas pour autant facile – : l’idée est de faire le tour du lac d’Annecy en deux jours. Le premier départ se fait d’Annecy de nuit, aux alentours de 3 heures du matin, en même temps que les coureurs qui s’élancent pour la MaXi-Race d’une traite (88 km) mais aussi ceux qui vont faire le tour en relais. Pour les inscrits à la XL-Race, le but est de rallier Doussard, 48 kilomètres et 2500 mètres de dénivelés positifs plus tard. Pas question de longer le lac, les sentiers passent par les montagnes environnantes.

Lever du soleil grandiose au Semnoz

En guise d’entrée, on commence par le Semnoz. Après quelques kilomètres de plat dans Annecy en guise d’échauffement, la montée est relativement constante, à couvert dans la forêt. La masse des traileurs arrive au sommet autour du lever du soleil. Juste sublime, ce temps suspendu avec la vue sur les Alpes au loin. Petite nouveauté de cette édition : le ravitaillement ne se fait plus au sommet mais 200 mètres en dessous. On est à seulement 17 kilomètres et ce sera le seul ravito alimentaire de toute cette première journée de la XL-Race. Une particularité de la MaXi-Race : la course est relativement chiche en pauses solides mais aussi liquides.

En haut du Semnoz XL-Race
Vue sur la chaîne du Mont-Blanc depuis le haut du Semnoz. Crédit : Florence Santrot.

Voilà qu’on bascule déjà dans la descente, relativement technique mais de toute beauté. Attention, c’est assez long. En 13,6 kilomètres, ce sont 1 100 mètres de dénivelé négatif qu’il faudra encaisser pour seulement 350 mètres de D+. Au 31e kilomètre, voilà Saint-Eustache et un ravitaillement en eau assez sommaire. Pas besoin de faire un grand plein car le suivant n’est pas si loin mais la montée qui s’annonce sera longue donc 1 litre d’eau ne sera pas de trop.

Col de la Cochette : à prendre avec des pincettes

Montée du col de Cochette (XL-Race)
Montée du col de la Cochette. Crédit : Julie Lutringer.

Saint-Eustache est trompeur : on pourrait croire que Doussard n’est pas si loin mais on va s’en éloigner et cela va grimper sévère en direction du col de la Cochette. En fait, le Semnoz est relativement « facile », la partie suivante est bien plus éreintante. Les pentes sont dures et c’est long. Très long. Il faut prendre son mal en patience, trouver son rythme et avancer sans trop réfléchir. Malgré les jolis sous-bois, c’est loin d’être une partie de plaisir ! La descente est raide mais assez rapide. Et nous voilà aux Maisons pour le second ravitaillement liquide de cette XL-Race.

On est alors à presque 40 kilomètres. On pourrait se dire qu’il n’est pas si nécessaire… mais reprenez quand même 1 litre, les 8 dernières bornes ne sont pas de tout repos ! Une dernière montée vous attend (700 D+) puis une descente assez raide, technique et plutôt en single (800 D-). Voilà Doussard ! Mais ce n’est pas fini ! Environ 15 minutes de plat, dans la chaleur de la fin de matinée, se révèlent un petit calvaire. C’est au mental qu’il faut tenir en trottinant car la marche va rallonger encore plus cette longue fin de première journée. Julie est arrivée peu après 11h, moi ce sera midi. Pas de gros bobo, les voyants sont au vert mais nous avons toutes les deux le sentiment d’avoir déjà jeté pas mal de force dans la bataille en ce premier jour.

Le gros défi : trouver les ressources pour le J2 de la XL-Race

L’après-midi de ce premier jour est dédié à la récup : s’alimenter, mettre les jambes dans la fraîcheur du lac, faire une bonne sieste, bien s’hydrater… le but est de gérer au mieux cette pause avant de repartir courir le lendemain matin. On mange quoi entre deux marathons en trail ? Nous avons opté pour un couscous. Parfait pour refaire le plein de glucides, quelques légumes et un peu de protéines. Et hop, au dodo vers 23 heures.

Jambes dans le lac d'Annecy
Rafraîchir jambes et pieds dans la fraîcheur du lac d’Annecy, un vrai bonheur. Et parfait pour la récup’. Crédit : Julie Lutringer.

Comment on fait pour repartir le lendemain malgré la fatigue et quelques petits bobos ? On ne se pose pas de question, on y va ! Facile à dire mais pas toujours facile à faire, certes. Mais cette XL-Race est pour Julie et moi une étape importante dans la préparation de notre saison. Le Lavaredo 120 se profile fin juin et il y aura aussi la TDS fin août (145 km, 9100 D+) avec, entre temps, une reco du parcours en 4 jours. Pouvoir encaisser les journées avec du gros kilométrage est donc nécessaire. Et pour ne rien gâcher, la seconde journée de cette XL-Race est un parcours rêvé.

Départ de la XL-Race à Doussard
Second jour : malgré la fatigue, il faut repartir au charbon depuis Doussard ! Crédit : Julie Lutringer.

Doussard-Annecy : que du bonheur

On ne va pas se mentir, ce trajet retour, entre Doussard et Annecy, est le plus beau et le plus kiffant des deux jours. C’est aussi le parcours de la Marathon Experience. Un tout petit peu plus court (45 km) mais avec le même dénivelé (2500 mètres environ), ce ne sera pas forcément plus facile mais les paysages seront là pour vous aider. Avec Julie, nous repartons en nous disant que cette journée est faite pour davantage kiffer, en regardant un peu moins le chrono. Les barrières horaires sont néanmoins là et il ne faudra pas traîner.

Certes, il y a de la fatigue mais on connaît bien le parcours, pour l’avoir déjà couru par le passé et l’avoir fait en reco 3 semaines plus tôt. En revanche, on se serait bien passé des quelques kilomètres à plat depuis Doussard avant d’entamer la montée vers le col de la Forclaz mais c’est sans doute une nécessité pour fluidifier la course… Avec des jambes un peu fatiguées, forcément, il faut accepter d’être doublé par les traileurs de la Marathon Experience, partis en même temps que nous aux alentours de 8h30.

Col de la Forclaz, Chalet de l’Aulps et enfin le col des Nantets

bouquetins XL-Race
Les bouquetins jouent les supporters le long des sentiers. Crédit : Florence Santrot.

On profite de la relative fraîcheur matinale pour avaler le premier gros morceau de la journée : une longue montée de 1300 mètres jusqu’au Col des Nantets. Celle-ci est à découper en trois parties. D’abord le col de la Forclaz (facilement accessible en voiture pour les suiveurs de la course) après un peu moins de 700 mètres de dénivelé positif. La montée peut se faire sur un bon rythme, sans inclinaison trop dure. Une belle mise en jambe.

Puis on redescend un peu avant de remonter rapidement sur le village de Montmin. On est alors à 830 de D+ au total et c’est un ravitaillement liquide crucial : il faut faire un gros plein car il n’y aura pas de ravitaillement officiel avant Villard Dessus un paquet d’heures plus tard. Si vous avez ça sous la main, il peut être utile d’emporter une gourde avec filtre pour se ravitailler en eau aux quelques ruisseaux et cascades que vous pourrez rencontrer. Objectif suivant : Chalet de l’Aulps. En prenant de la hauteur, on découvre de magnifiques paysages, c’est le moment d’ouvrir les yeux. Et puis, après un bref répit, voilà qu’il faut déjà repartir au charbon vers le col des Nantets. La vue là-haut se mérite mais c’est une vraie récompense avec cet aperçu du lac à couper le souffle !

Montée après Montmin (XL-Race)
Dans la montée après Montmin. Crédit : Julie Lutringer.

Insaisissable Villard Dessus

Alors que la MaXi-Race passe par l’impressionnant Roc Lancrenaz puis une longue, mais facile, descente de 7 kilomètres avant de rejoindre le ravitaillement de Villard Dessus, pour la XL-Race et la Marathon Experience, ce sera plus long. Voire très long pour certains. On commence par une descente assez sympa et pas trop compliquée. La difficulté derrière est un long passage en balcon, sous le cagnard pour nous, sur des gravillons. C’est plutôt plat ou légèrement descendant pendant un long moment. C’est là qu’une partie de la course se joue : si vous parvenez à trottiner tout du long, vous allez gagner des places en dépassant ceux qui se lassent et alternent marche et course.

XL-Race
Vue sur le lac depuis les hauteurs au-dessus de Talloires. Crédit : Florence Santrot.

On revient momentanément dans la forêt avec à nouveau un peu de D+ puis revoilà des chemins assez plats. Là encore, il faut parvenir à relancer sans trop forcer. Pour la plupart des coureurs, c’est le moment des fortes chaleurs et la réverbération du sol est à son maximum. Il faut donc gérer ce qu’il reste d’eau depuis le dernier ravitaillement à Montmin. Selon votre niveau, comptez plus de 2h30, voire plus de 3h30 entre ces deux points de passage. Voilà enfin Villard Dessus et le seul et unique ravitaillement solide de la journée. À ne pas négliger donc. On fera aussi à nouveau le plein d’eau, surtout s’il fait très chaud.

Ravitaillement pendant la XL-Race
Ravitaillement à Villard Dessus, le seul ravito solide de cette seconde journée de la XL-Race. Crédit : Julie Lutringer.

Le Veyrier pour ponctuer la seconde journée de la XL-Race

On repart de Villard Dessus dans la chaleur. Une petite transition permet de redémarrer en douceur pour digérer un peu. Puis voilà le dernier gros morceau de l’aventure : le Veyrier. La fatigue s’accumule et le truc est de trouver un rythme relativement confortable. La grimpette d’un peu plus de 700 mètres jusqu’au col des contrebandiers se fait à l’ombre sous la forêt. Avec un peu de chance, vous aurez un peu d’air sur cette portion assez constante. Un pied devant l’autre en mode pilote automatique, ça passe bien même si c’est un peu long sur la fin.

Officiellement, il n’y a plus de ravitaillement entre Villard Dessus et l’arrivée mais en cas de chaleur, un point d’eau est ajouté au col des Contrebandiers. Attention toutefois : l’eau est parfois rationnée… voire inexistante si vous y passez au mauvais moment et que les jerricanes sont vides à ce moment-là. C’est pourquoi il est important de faire un vrai plein d’eau à Villard Dessus malgré tout. Après le col, il vous reste encore une petite demi-heure de montée jusqu’à l’ancien périphérique du Veyrier. Photo obligatoire au-dessus d’Annecy et du lac. Il reste encore quelques crêtes à franchir puis ce sera la bascule.

Vue sur le lac et Annecy depuis le Veyrier
Vue sur le lac et Annecy en haut du Veyrier sur la dernière portion de la XL-Race. Crédit : Julie Lutringer.

Annecy, nous voilà !

La bascule donne déjà un goût de victoire. Mais il ne faut surtout pas relâcher son attention car la première portion est technique à souhait avec rochers et racines à foison. Ce serait dommage de se faire une cheville si près de l’arrivée ! En revanche, si vous avez encore un peu de fraîcheur, trottiner tout du long est possible et permet de gratter pas mal de places sur ce dernier segment car bon nombre de coureurs se sont « cramés  » avant et n’ont plus les jambes pour encaisser cette descente.

Comptez environ 1 heure pour toucher la caillasse blanche avant de franchir la passerelle puis de trottiner 1 kilomètre le long du lac. Et voilà le tapis rouge qui n’attend que vous, sans oublier la cloche à faire tinter sur la ligne d’arrivée, c’est la tradition ! Le public est massé le long de cette arrivée et l’ambiance est au rendez-vous ! Parfait pour ponctuer deux grosses journées sur les sentiers.

Coucher de soleil sur Annecy
Après deux grosses journées, le lac d’Annecy vous tend les bras pour une cryothérapie naturelle. Crédit : Julie Lutringer.

À savoir sur les courses à étapes comme la XL-Race

  • Un ultra-trail en deux jours (voire plus) n’est pas forcément plus facile qu’une course réalisée d’une traite. Car on a tendance à « envoyer » un peu plus sur les deux jours comme on sait que la distance est plus courte chaque jour. Résultat : une fatigue un peu plus importante au final pour le corps car on sollicite davantage coeur et poumons notamment.
  • C’est néanmoins une bonne idée si on n’ose pas s’élancer sur un ultra « one shot » et qu’on veut goûter aux sensations de la distance. La fatigue sera assez identique, même si on gardera une meilleure lucidité grâce à la nuit entre les deux jours.
  • Le second jour n’est pas forcément le plus difficile. Julie comme moi-même avons préféré la seconde journée de la XL-Race. Non seulement pour les paysages mais aussi parce que, malgré la fatigue, les sensations étaient meilleures.
  • Cette XL-Race est idéalement placée pour constituer un gros « bloc » (ou « week-end choc ») en préparation d’autres ultra plus tard dans la saison. Une bonne manière de jauger de sa forme globale et de la qualité de sa préparation jusqu’alors. En revanche, il faut garder en tête qu’en cas de méforme ou de vrai bobo, il faudra accepter de bâcher pour ne pas mettre en danger les objectifs suivants…

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