Septembre : le mois que je redoute le plus. Celui où j’ai beau faire des journées à rallonge en espérant voir le bout du tunnel… rien n’y fait, je bois la tasse. Cette année ne déroge pas à la règle : je me noie allègrement, jour après jour dans l’interminable liste de tâches. Mais j’ai un secret pour tenir le cap : chaque nuit mes rêves sont remplis de montagne, de neige et de nuits à la frontale 🙂
C’est le moment où l’on commence à s’interroger sur les projets futurs – quand et où repart-on ?- et où l’on note consciencieusement dans son agenda les dates limites d’inscription aux courses majeures. Mais avant tout, je voudrais dresser un bilan de la saison afin de retenir les choses qui ont / ou n’ont pas fonctionné dans la préparation. Un bon moyen de s’en souvenir quand il faudra s’y remettre !
Je suis arrivée au départ de ma dernière course – la TDS – mieux préparée que les années précédentes. C’est à la fois dû à l’expérience (chaque année de pratique du trail apporte quelque chose en plus), mais aussi à d’autres éléments de la préparation, que voici listés :
Faire moins mais plus souvent
C’est vraiment quelque chose de nouveau pour moi, que j’ai expérimenté dès le début de saison avec le programme concocté par Matthieu Blanchard pour le Coaching du Coureur. Au lieu de 3 ou 4 séances hebdomadaires, nous étions encouragés à faire de très courtes séances (parfois aussi très faciles), mais quasiment tous les jours. Avec du recul, ça m’a vraiment permis de monter en puissance plus rapidement mais en douceur et sans me blesser.
Du renfo, du renfo, du renfo
On a beau savoir que c’est essentiel, on ne l’aime pas. Pour ne pas lâcher prise cette saison, je me suis astreinte à deux séances par semaine au minimum (parfois 3), et ce dès le début de la préparation (janvier/février). Une astuce pour ne pas craquer consiste à apporter beaucoup de variation dans les exercices. J’ai bénéficié des conseils d’un super kiné (merci Benjamin, je peux donner son contact en MP aux Parisiens :-)). En complément, les vidéos fournies par le programme du Coaching du coureur ont là encore été bien utiles.
S’entraîner à s’alimenter
Certes, on n’a pas besoin de manger lors d’une sortie de 1 ou 2h, mais il est nécessaire de s’entraîner à le faire, de temps en temps. Le corps s’habitue ainsi à assimiler des glucides pendant l’effort, et peut plus facilement reproduire cela pendant des courses plus longues. Je me suis astreinte à cet entraînement qui m’a permis d’intégrer du ravitaillement sous forme liquide (boisson d’effort). Alors que je n’y étais pas arrivée lors des précédentes années…
Prévoir des blocs tous les mois
Pas un, mais des blocs, sur le terrain, bien distillés tout au long de la saison. Pour moi, ça a été : un week-end choc à Annecy en avril, la XL Race en mai, le Lavaredo 120K en juin, l’Eiger E51 en juillet, la reco de la TDS en 4 jours début aout… et la TDS fin août. Tout ne s’est pas passé comme prévu (DNF sur le Lavaredo), mais le rythme était bon et a permis de conserver un bon niveau de forme et la capacité à endurer de longues épreuves.
L’affûtage : apprendre de ses erreurs
Avec du recul, je crois pouvoir dire que 100% de mes courses qui se sont mal passées ont été précédées de semaines de travail intenses et à forte charge mentale. Leçon apprise : il ne suffit pas de réduire la durée ou l’intensité des sorties pour réussir son affutage d’avant-course ! Les activités professionnelles (notamment lorsqu’elles impliquent de la fatigue physique, mais pas que…) ont un impact non négligeable sur la forme.
Cette année, j’ai fait le choix de lever le pied avant mon objectif principal. Et même si le retard accumulé au travail doit désormais être rattrapé (le prix à payer…), je suis convaincue que c’est ce qui m’a permis de prendre le départ avec suffisamment de fraîcheur sur la TDS.
Plus de temps en montagne
Facile à dire, moins à réaliser… et pourtant le temps passé sur le terrain montagneux cette saison a été un facteur de succès. Notamment pendant le dernier mois (août) où j’ai eu la chance de continuer à faire des activités douces (randonnée, VTT, trails courts) tout en baissant la charge d’entraînement. La différence avec les années précédentes a été considérable. Passer le dernier mois en ville me donnait la sensation de perdre une grosse partie des acquis de la prépa.
Muscler son mental
Cela passe en premier lieu par le fait de savoir pourquoi on prend le départ et ce qu’on vient chercher. La réponse est propre à chacun, mais il est essentiel de se poser la question et d’avoir une ou plusieurs raisons d’être là. Car une chose est sûre, des pensées négatives et la petite voix qui te crie d’abandonner surgiront à un moment, et il faudra avoir des bons arguments à leur opposer ! C’est aussi essentiel que de bien se préparer physiquement.
Cette saison, j’ai eu l’impression de passer par tous les stades de lutte mentale. L’expérience vécue sur le Lavaredo m’a appris qu’on peut décider d’abandonner sans regret. Paradoxalement, elle m’a donné la force de tenir sur l’Eiger E51 puis de dompter mes pensées pendant la longue TDS. Je remercie au passage la talentueuse Anthéa Juin – coach en préparation mentale – dont les quelques conseils résonnent encore en moi !
Accepter les imprévus et s’adapter
L’édition 2023 de la TDS a été un formidable exercice de grand écart entre une préparation 100% caniculaire et des conditions hivernales le jour J. Nous avions évidemment des prévisions météo qui annonçaient une tendance « froide » une semaine avant de venir à Chamonix. Mais la confirmation de la limite pluie neige, de la perturbation prolongée et du parcours de repli ne sont réellement tombées que 24-48h avant le départ. Je dois admettre avoir passé deux bonnes heures de mon dernier après-midi à refaire tous les calculs d’étapes et temps de course… pour finalement décider de m’en détacher.
Ma seule priorité, après réflexion, a été d’être suffisamment équipée pour ne pas avoir froid. J’ai opté pour une veste plus protectrice que celle de trail (que j’ai depuis des années et utilise habituellement en ski de randonnée). Un passage éclair sur le stand Raidlight m’a permis de dénicher des gants imperméables et chauds pour la première nuit. Enfin, j’avais fait quelques emplettes dans le rayon trekking de Decathlon et notamment un gilet sans manche en merinos (Forclaz) qui était parfait !
Être bien entouré(e)
Une préparation réussie est pour moi aussi une préparation qui permet de vivre des moments forts avec ses proches et ses amie(s). Cette année a eu une saveur particulière avec l’expérience d’un ultra entre copines (5x 120km, ça commence à devenir sérieux) ; un fast-packing TDS du Petit Saint Bernard jusqu’aux Houches à trois ; sans oublier plein de week-ends à Annecy (joie d’avoir un mari haut-savoyard !).
Cerise sur le gâteau, la TDS a été partagée avec Emma caméra au poing sur les pires portions de boue et Déborah, une autre coureuse rencontrée au 50e kilomètre et plus quittée jusqu’à l’arrivée. Quant à Florence, ma BFF de trail qui partage ce blog avec moi, elle m’a fait la surprise de venir m’encourager sur les deux dernières assistances. Alors même qu’elle venait d’être rattrapée par les barrières horaires et sortait d’une nuit blanche.
J’ai du bonheur plein la tête je vous dis, ce n’est donc pas étonnant que je continue à en rêver toutes les nuits, en attendant de me recréer de nouveaux souvenirs !