Par pitié, ne cédez pas aux sirènes du marketing ! Votre athlète préféré.e porte tel modèle de telle marque et vous rêvez, vous aussi, de performer donc pourquoi ne pas porter ses chaussures de trail ? Grosse erreur. En tout honnêteté, si vous vous comparez à lui ou elle, il y a de fortes chances pour que vous n’ayez pas (rayez les mentions inutiles) : le même poids, la même morphologie, la même foulée, le même niveau de technicité, le même rythme d’entraînement, etc. Alors pourquoi opter pour sa chaussure sous prétexte qu’il ou elle a fini sur le podium de l’UTMB, de la Western States ou de la Hardrock 100 ? Encore plus si vous visez des distances et des terrains différents.
La règle pour bien choisir ses chaussures de trail est de les choisir pour VOUS. N’écoutez pas les avis sur les forums, les conseils de votre pote… votre ressenti et la connaissance de votre foulée sont plus importants. Mais il y a quelques critères à prendre en compte de manière objective tout d’abord. Le premier, c’est le terrain sur lequel vous allez courir le plus souvent : s’agit-il de sentiers larges et doux ? de singles en montagne avec de nombreuses pierres ? de hors-piste ou de terrains bien boueux ? Selon la réponse, il faudra opter pour des chaussures de trail avec une semelle plus ou moins agressive. Idem, posez-vous la question du pare-pierre. Si vous prévoyez de faire le GR20 en Corse en moins de 5 jours, ce sera vital pour la survie de vos orteils. Idem si vous prévoyez une TDS par exemple. Enfin, selon les conditions météo de la zone où vous courrez, une option Gore-Tex – ou équivalente – peut être à considérer.
3 critères à prendre en considération pour choisir ses chaussures de trail
Il y a quatre choix majeurs à faire pour sélectionner sa paire idéale. Les voici :
- L’amorti : les choix vont du pied nu (aucun) au modèle dit maximaliste (grosse amortie).
- le dénivelé talon-orteil (ou drop) : cette mesure affecte votre mécanique de course.
- L’ajustement : préférez-vous une paire assez ajustée pour un ressenti de maintien important ou des chaussures avec une toe-box (zone avant) large pour laisser les orteils bien libres ?
Amorti : une affaire de ressenti… et de sobriété
Pieds nus : Ce sont des chaussures sans aucun rembourrage (mousse). L’attrait est qu’elles vous permettent de développer une meilleure sensation du sentier et votre propre biomécanique.
Minimal : Ces chaussures sont une bonne option pour les coureurs qui veulent une meilleure sensation du sentier mais qui ne sont pas à l’aise avec l’idée de renoncer à toute mousse dans la semelle intermédiaire.
Modéré : Modèle assez traditionnel, avec suffisamment d’amorti pour vous permettre de courir confortablement sur des sentiers rocailleux et rocailleux.
Maximum : Ces modèles offrent beaucoup de rembourrage dans la semelle intermédiaire. Les adeptes disent que les chaussures avec un amorti maximal sont plus douces pour les articulations et réduisent la fatigue sur les courses de longue distance. Les détracteurs disent que l’amorti volumineux de certaines chaussures rend le décollage des orteils « mou » (donc moins efficace) pendant la course.
Quand on parle de « pied nu », ça reste quand même des chaussures mais la semelle est très fine et souple pour ressentir tous les détails du terrain… comme quand on est pied nu. Dans cette catégorie, on a des chaussures avec des toe-box (zone des orteils) assez larges pour que l’avant du pied puisse travailler un maximum. Certains modèles ont les cinq doigts de pied séparés. Mais il faut réussir à passer outre le style…
Pieds nus et modèles minimalistes, avec des semelles un tout petit peu plus épaisses et rigides, sont ce qui est considéré comme le plus conseillé pour un bon travail fonctionnel biomécanique (pieds, chevilles, genoux, hanches…). Selon la Clinique du coureur, cette option limite (un peu) les blessures à condition d’y aller toujours progressivement dans la charge sportive. Partir vers du maximaliste pour un bon amorti est préféré par certains pour des raisons de confort (notamment en ultra). Gare aux entorses de cheville cependant, car cette mousse XXL peut amener une certaine instabilité du pied sur les sentiers.
Chaussures de trail : drop ou pas drop ?
Voilà un autre critère qui peut avoir son importance : le drop, ou la pente entre le talon et l’avant du pied. Celui-ci peut être très variable, de 0 à 12 mm. Les modèles « pied nu » ont un drop de 0, les minimalistes un drop réduit (0 à 4 mm) puis cela augmente dans les autres catégories. Mais il existe des modèles avec mousse maxi et drop de 4-5 mm seulement (chez Hoka par exemple). Quoi qu’il arrive, on estime qu’un drop 0 favorise une foulée naturelle. On essaiera donc de ne pas aller trop haut dans le drop.
Un faible drop encourage une foulée plutôt orientée milieu ou avant-pied. Le résultat est une plate-forme d’atterrissage plus stable, ainsi qu’un meilleur équilibre et un meilleur engagement musculaire. Ce changement biomécanique bénéfique est l’un des grands attraits des chaussures pieds nus et minimalistes. Cependant, tout le monde ne peut les adopter. Surtout, il faut vraiment prendre son temps pour basculer sur du 0 mm car cela sollicite fortement les tendons d’Achille et les mollets. Pour éviter les blessures, la progressivité est la clé. Prévoyez quelques mois de transition et un certain inconfort pendant que vous vous adaptez physiquement.
Si vous avez deux ou trois paires de running, cela peut être intéressant de varier un peu les drops (0 – 4 -8 par exemple) et même les types minimalistes/maximalistes, pour faire travailler le corps – et même la foulée – différemment. La diversité est toujours bénéfique.
La pointure et l’ajustement, à ne pas négliger
Premier préjugé : croire qu’on connaît sa pointure. Deuxième préjugé : une chaussure qui vous va n’est pas seulement une chaussure de la bonne longueur mais aussi de la bonne largeur. C’est ce qu’on appelle l’ajustement. De nombreux critères entrent en ligne de compte : la largeur naturelle du pied, la forme et la longueur de la voûte plantaire, le volume du pied, etc. Il est donc nécessaire d’essayer la paire en boutique à moins de racheter exactement le même modèle (et pas le modèle suivant, qui peut vraiment changer). Souvent, on trouve qu’une marque nous convient mieux qu’une autre mais cela varie aussi dans les modèles et la version (2002, 2024…).
Pour ce qui est de la pointure, on n’aura pas la même selon les marques ni les modèles. D’une manière générale, on conseille en trail de prendre une à deux pointures au-dessus de sa taille habituelle. Pour des ultras, les pieds vont gonfler et s’écraser au fil des heures, il vaut donc mieux avoir une paire un peu grande. Sur des formats très alpins, il faut penser laçage et place pour que les doigts de pied ne viennent pas cogner à l’avant (dans la mesure du possible…). Enfin, ne présumez pas : vos pieds changent avec l’âge, il est donc toujours judicieux de les mesurer régulièrement. Certaines boutiques ont des outils sophistiqués pour une « photographie » très précise des dimensions de votre pied. Dans ce cas, il vaut mieux y aller en fin de journée, car vos pieds gonflent à mesure que les heures passées debout et à marcher défilent.
Enfin, certains magasins ou sites internet proposent une période d’essai. Vous pourrez rapporter votre paire après quelques dizaines de kilomètres de test sur de vrais sentiers. C’est parfait quand on veut basculer sur une nouvelle marque ou une nouvelle catégorie de chaussures de trail.