Marche ou crève ? Je l’avoue, l’idée a parfois pu me traverser l’esprit dans la très longue descente entre Chão da Lagoa et Porto da Cruz… Ce week-end, j’ai pris le départ d’un de mes principaux objectifs trail de la saison (42 km, 1800 D+, 2200 D-). Direction l’île portugaise de Madère, située dans l’océan Atlantique au large du Maroc, pour le MIUT Madeira. D’emblée, dès la sortie de l’aéroport, nous voilà plongés dans l’ambiance : une île volcanique très verte sur laquelle s’accroche de petites maisons blanches aux toits de tuiles. Un bord de mer très découpé et la sensation que l’intérieur des terres doit être particulièrement vallonné. La suite nous donnera raison.
Première originalité : le départ du 42 km, course sur laquelle je suis alignée avec Julie et Alexis, a lieu à 11h. Nous qui sommes habitués aux débuts de courses très matinaux, c’est assez cool de pouvoir se lever tranquillement et de prendre le temps pour le petit-déjeuner sans avoir les yeux collés de sommeil. Merci le MIUT rien que pour ça !
Départ à 11h du matin : trail grand luxe !
Après un rapide trajet en bus pour rejoindre le départ, à Monte à l’intérieur des terres, nous voilà à pied d’oeuvre. Le ventre un peu noué, juste ce qu’il faut de pression. On s’installe dans un café avant de rejoindre les autres coureurs sur une placette du village où l’ambiance familiale est de mise. Hâte de voir à quoi va ressembler ce parcours ! En gros : une grande montée, une looooooonnnngue descente puis une dernière petite difficulté et du faux plat jusqu’à plongée sur Machico, l’arrivée en bord de mer. Le défi sera d’arriver à courir sur la dernière partie la plus roulante, quand les jambes seront bien fatiguées.
Ça part direct en D+. Et ça ne rigole pas : d’emblée, le souffle est court et les jambes travaillent pour avaler le beau pourcentage de la pente. Je sens bien les tendons d’Achille et les mollets. Pas de doute : c’est la première vraie course avec du dénivelé de la saison ! 9 km pour grimper environ 900 mètres de D+. Ça pique mais ça va assez vite. En revanche, plus on monte, plus le brouillard s’installe. On était partis sous le soleil, et presque la chaleur, mais en haut, à Pico Alto, 1129 mètres, on retrouve un peu de fraîcheur. Les petits sentiers près du sommet sont agréables quand on entend soudain des cris qui m’intriguent. Quelques minutes plus tard, c’est à mon tour de lâcher un « Aaaaaah ! » bien sonore. Je viens de passer, littéralement, sous une cascade d’eau froide qui tombe en plein milieu du chemin. Pas moyen de l’esquiver sinon c’est le ravin.
Crachin, grosse pluie, escaliers infinis
Encore mouillée, je fais un stop express au premier ravito : juste le temps de prendre un peu d’eau et d’attraper deux Tucs. Je me suis bien hydratée et alimentée depuis le début de la course, tout roule. Et les bons conseils de Julie et de notre coach Adrien sur la stratégie à adopter sur chaque portion de ce marathon trottent dans un coin de ma tête. Après le ravitaillement, la montée continue encore un peu avant de définitivement basculer sur la descente. Un petit crachin s’est installé, qui se transformera par moments en grosse pluie. On ne va pas se plaindre, c’est assez agréable. Mais ça finit par détremper les sentiers… qui se muent en escaliers infinis.
On alterne entre longues portions de mini marches de pierres à bords arrondis (jamais la même largeur ni hauteur, ce serait trop simple) et grosses marches marquées par des rondins de bois. Aux choix : des mini pas pour faire chaque marche en pierres une par une (avec la pluie, on hésite franchement à les prendre par deux ou par trois mais ça doit être jouable par temps sec) ou de grosses enjambées sur des marches en rondins où la seule solution est de mettre ses pieds dans chaque flaque entre le bois glissant.
Et ça part pour 18 kilomètres de descente quasi non stop. Les milliers de marches détruisent peu à peu les quadriceps. Mais c’est sur cette portion que j’accélère car c’est là je reprends des places, étant un escargot en montée. C’est assez fun mais très répétitif et il faut une concentration maximale pour poser ses pieds au bon endroit à chaque marche. J’ai l’impression que ça n’en finira jamais mais aucune envie de me faire une cheville. Le moral est bon, on s’accroche !
Patate douce au ravito, la bonne idée
Joie et bonheur, je rejoins mes deux camarades de course, Julie et Alexis et on fait un petit bout de chemin ensemble. Un dernier ravito, dans un village en bord de mer, nous permet de faire une petite pause. Là encore, je vais vite même si je prends le temps de manger de la patate douce de l’île (excellente idée pour les courses !). Un peu plus loin, nous voici en bord de mer. C’est maintenant que le mental va prendre le relai sur les jambes. Il faut pousser, ne pas lâcher pour ne pas perdre de temps, a dit le coach.
C’est mal barré : je suis séchée à la petite montée, dernière difficulté de la course. Julie part devant, plus à l’aise que moi. C’est seulement 300-400 mètres de D+ mais c’est encore une fois beaucoup de grosses marches à grimper. Les jambes bossent dur, le souffle est court et le coeur s’emballe. Je trouve quand même mon rythme (lent) et ça finit par passer. Vient alors une portion incroyable : une sorte de faux-plat montant en balcon qui nous permet d’emprunter des chemins qui surplombent la mer et nous permettent de découvrir la côte très découpée de Madère.
MIUT Madeira : trail avec vues
C’est magnifique… mais les kilomètres défilent lentement et on sent l’arrivée encore loin. Le mental prend le relai sur le physique : « Flo, plus tu avances vite, plus vite tu retrouves les copains (et la bière) à l’arrivée ! » Après un col, nous replongeons côté terres. La luxuriance est incroyable le long de ces sentiers vallonnés. Champs en escaliers, petits cours d’eau et une biodiversité bien préservée… le paradis. Sauf que, virage après virage, je n’attends plus qu’une chose : apercevoir Machico !
Attaque-suicide sur la ligne d’arrivée
Voilà enfin les maisons. Voilà enfin la dernière descente dans l’herbe. L’occasion de dépasser une coureuse que j’avais en ligne de mire depuis un bon moment. On passait notre temps à passer l’une devant l’autre. Y’a pas de petit plaisir ! Et puis la délivrance : l’entrée dans la ville. Je longe quelques centaines de mètres la plage, puis dernier obstacle avec un petit pont en bois. Là, j’enclenche le mode sprint… histoire de choper quelques crampes avant la ligne d’arrivée. C’est ce qu’on appelle une attaque-suicide 😂 Juste histoire de doubler un mec à 50 mètres du finish. C’est moche, j’avoue… Je foule le tapis rouge et voilà le bonheur indicible de passer une nouvelle arche. Celle du MIUT Madeira 🙌 Alexis et Julie m’attendent juste là, arrivés un peu avant moi.
Premier gros trail validé pour cette saison. Ça y est, je suis dans l’ambiance. Ça confirme que le plan d’entraînement est le bon. Trust the process, comme on dit. Une bonne bière et déjà la tête qui se tourne vers le prochain gros défi : les 72 km du trail du Saint Jacques. Ça va piquer, ça aussi.
– Matos utilisé –
- Chaussures : Hoka Speedgoat 5
- Casquette, T-shirt et short : Hoka
- Chaussettes : Compressport
- Soutif : Icebreaker
- Sac : Montane
- Bâtons : Leki carbone
- Lunettes : Julbo
- Veste imperméable : Gore Wear
- Lampe frontale : Petzl
- Food : Endur’activ, Holyfat, Baouw, Mange tes graines
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