👉 Si vous prenez le récit en route, la partie 1 (organisation et début de la reco) est ici
De Bourg à Beaufort : LE gros morceau
On nous avait prévenues, le 1/3 le plus difficile de la TDS, c’est celui du milieu. On sort de 50 kilomètres très roulants, souvent sur des chemins larges et faciles. Et d’un coup, les choses sérieuses commencent. Au matin du 2e jour, on sait – sans se le dire – que cette étape est le juge de paix de notre reco. Si ça passe, si on arrive dans un état « acceptable » à Beaufort, alors ce sera presque gagné.
Bourg St Maurice – Beaufort : 45 km, 3389 D+, 3452 D-, 11h50
Départ avancé à 7h…30 (on a essayé, mais pas réussi à faire plus tôt), pour ne pas risquer de finir à la frontale. On pense avoir de la marge, ça se jouera finalement de peu ! On est tout de suite dans le dur, avec une montée sèche de 1134m de D+ en moins de 5 km. Elle nous mène au fameux Fort de la Platte, que nous atteignons en environ 2h.
Mais ce n’est pas fini, car la montée continue, d’abord plus douce dans les alpages puis de plus en plus technique et raide. Le site pour atteindre le Passeur de Pralognan (2600m) est magnifique, nous ne croisons quasiment personne. Un ruisseau avant la dernière grosse montée permet de recharger en eau. Deux heures de plus sont nécessaires pour arriver au sommet.
Le redouté Passeur de Pralognan
On y est. La portion que je redoute le plus… je rappelle que je suis sujette au vertige, même si je me soigne ! L’accident mortel survenu sur la TDS 2021 a également laissé des traces, on ne peut pas franchir ce passage sans y penser.
Il n’y a pas d’itinéraire bis, alors la seule option consiste à débrancher le cerveau et avancer. Heureusement pour moi (et tous ceux qui ont tendance à perdre leur équilibre avec la peur…), des chaînes ont été installées à chaque virage, et l’évolution se fait en zigzags très serrés. Pour ne pas me laisser submerger par ma phobie, je chantonne à voix haute et avance tout doucement. Bon à savoir : les bâtons doivent être rangés avant d’entamer cette portion, on a vraiment besoin de ses deux mains !
Bonne nouvelle, la partie la plus technique ne dure pas très longtemps. À mon allure d’escargot, ça doit me prendre 6-7 grosses minutes, puis la disparition des chaînes de sécurité annonce la fin des difficultés. Le chemin d’abord très pierreux se verdit au fur et à mesure que la pente s’adoucit, pour finir en chemin 4×4 jusqu’au Cormet de Roselend.
Déjeuner au Cormet et magique Gittaz
Nous arrivons au Cormet 5 heures après notre départ de Bourg St Maurice. Il fait chaud et nous décidons d’y faire une vraie pause déjeuner. Pas de point d’eau ici, mais le vendeur de produits artisanaux installé sur place vend des bouteilles et des sandwichs.
C’est en forme, hydratées et repues que nous reprenons le chemin en début d’après-midi. On ne le sait pas encore, mais on va en prendre plein la vue ! La première montée vers le col de la Sauce s’avère plus costaud que prévu, la pente est raide et les jambes commencent à souffrir. Mais au fur et à mesure que l’on prend de l’altitude, la vue majestueuse nous récompense. On évolue dans des champs de myrtilles, on est seules, c’est le bonheur !
Au bout d’une heure, une première moitié de descente amène au lit d’une rivière que l’on suit jusqu’au fameux Chemin du Curé, creusé dans la roche. Pas de problème de vertige ici, le passage est large et à moins de vouloir se pencher sur le côté on se sent en sécurité.
Dernière partie de descente vers La Gittaz, le site est sublime. Je m’arrête sans cesse pour prendre des photos (il y en aura près de 200 pour cette seule journée…). Une fois en bas, nous prenons le temps de nous hydrater et de recharger complètement notre réserve d’eau. Un ravitaillement en eau est prévu ici pendant la course, il est ESSENTIEL car la suite va être longue et sans aucun point d’eau.
La dernière partie jusqu’à Beaufort va en effet être beaucoup plus longue que prévu. Il faut d’abord gravir la longue montée jusqu’au col de la Gittaz. Puis évoluer en hauteur sur les crêtes de la montagne d’Outray, pour arriver enfin au point culminant. Cette portion va durer environ 2h30 pendant cette reco.
Il ne reste ensuite « plus qu’à redescendre »… Spoiler, cette descente est la pire de la TDS. D’abord parce qu’elle est extrêmement longue (une dizaine de kilomètres, > 1500m de D-). Ensuite parce qu’elle présente tous les profils qu’on redoute : des petits cailloux qui glissent sous les pieds (attention aux chevilles !) aux passages pleins de racines en forêt. Bilan, ce qui semblait une formalité sur le papier nous prendra près de 2h30 !
Cette 2e journée est finalement bouclée à la tombée de la nuit, après presque 12 heures d’efforts… Tous les muscles sont douloureux, mais on est néanmoins fières d’être arrivées au bout de ce gros morceau. Le challenge consiste à se refaire une santé pendant la nuit !
De Beaufort à Chamonix : plus c’est long, plus c’est bon (non)
Beaufort – Les Contamines : 32 km, 1873 D+, 1442 D-, 7h26
Un matin frais comme on aime pour repartir de Beaufort direction les Contamines. On sait d’ores et déjà que ce ne sera pas la journée la plus difficile de la reco mais elle s’annonce néanmoins longue. Le début est tranquille avec une montée assez douce, en forêt, vers Hauteluce que l’on atteint assez vite.
Il y a de quoi se refaire en eau dans le village si vous voulez partir léger. En revanche, faites bien le plein car après, c’est un peu plus compliqué pour trouver de l’eau. Direction maintenant le Col du Joly. Et là , ça commence à piquer. Surtout que, hors TDS, certaines portions de la trace TDS se font « droit dans le pentu »… Hautes herbes, taons, chardons… ça se transforme un peu en mission cette affaire.
Puis, cela s’adoucit franchement sur la crête jusqu’au col de Very. Il y a des refuges et autres restaurants pour se refaire la cerise au besoin. Et pas mal de touristes au passage, qui sont arrivés avec les remontées pour bon nombre.
C’est ensuite parti pour un long chemin en balcon (long mais avec quelques accès à de l’eau). On profite à fond des paysages car cette étape sera pour nous de nuit pendant la course… Un dernier coup de cul et c’est enfin le Col du Joly.
On quitte le Beaufortain pour entrer dans la vallée des Contamines. Y’a plus qu’à comme on dit. Y’a plus qu’à … se faire la descente assez drue jusqu’à Notre-Dame de la Gorge, au fond de la vallée. C’est assez simple au départ et chiant à l’arrivée, soyez prévenu ! On finit par une petite portion plate qui amène aux Contamines. Repos bien mérité, un peu de lessive et un bon dîner pour finir demain en conditions OK.
Les Contamines – Les Houches : 17 km, 1371 D+, 1461 D-, 4h30
Dernier jour de la reco, il faut se motiver pour y retourner même si la météo est excellente. Mais on connait le coin. On sait que ce sera beau. Surtout, c’est à l’ombre pour démarrer, et ça c’est chouette car la veille nous avons eu chaud entre Very et la redescente en fond de vallée. Le tracé est simple : dernière grosse grimpette au col du Tricot puis redescente aux Houches (et sur la TDS, 7-8 km de roulant jusqu’à Chamonix ensuite).
Ça part du village des Contamines direct dans les sentiers en forêt. C’est joli et agréable. Pas grand monde au petit matin et ça monte gentiment. Pas besoin de se charger trop en haut au départ, on passe par le refuge de Miage et les chalets du Truc avec un accès au torrent pour remplir les gourdes. Ces deux petits hameaux sont de toute beauté si vous avez la chance de passer sur cette portion en journée. Et avec une vue imprenable sur les dômes de Miage.
Après le refuge de Miage, ça redescend pour mieux remonter. C’est la dernière difficulté de la TDS, il faut le savoir : pour atteindre le Tricot des Contamines, vous aurez à gérer une belle montée, une descente assez douce et ensuite une nouvelle grosse montée en zig zag qui vous demandera de puiser dans vos dernières ressources. Mais dieu que c’est beau !
Dérouler après le col du Tricot… une reco TDS qui n’en finit pas
Lors de notre reco, c’est là que nous avons récupéré toute la foule du TMB, dans cette montée au Tricot. On s’en serait bien passé !
Une fois là haut, on se dit que la descente aux Houches sera du gâteau. Que nenni. La fatigue aidant, les éventuels petits bobos aussi (coucou les pieds en chantier comme jamais !), il faut serrer les dents. Cette descente n’est pas trop raide mais elle peut être assez piégeuse en temps si vous ne pouvez plus courir.
L’arrivée aux Houches se fait par quelques virages en épingle sur de la route. Ç’en est fini des jolis sentiers de la TDS, le reste ne sera que large chemin le long du torrent puis une entrée magistrale dans Chamonix par la grande rue commerçante. Nous avons décidé de zapper cette portion en échange d’un excellent « pulled pork burger » au Solerey Brewpub. Avantage : ce restaurant, qui brasse sa propre bière, est aussi à 200 mètres de la gare. Et ça tombait bien, on avait un train à prendre !
Rassurées ou pas ?
Julie : Rassurée, oui.
Le côté « technique » de la TDS ne signifie pas un enchaînement de passages engagés, de descentes raides et piégeuses et de falaises abruptes. C’est en réalité un parcours sauvage, avec de longues portions loin de toute civilisation (et une vraie problématique d’autonomie en eau). Surtout, c’est une course où l’on marche plus qu’on ne court, notamment à partir de Bourg Saint Maurice.
Je suis tombée sous le charme de ce tracé, j’ai adoré évoluer pendant quatre jours au calme, loin de la foule du TMB (Tour du Mont Blanc). Les paysages sont exceptionnels et méritent d’être appréciés de jour, ce qui est le gros avantage d’une reco en plusieurs jours. Les tests matériels ont eux aussi été concluants : chaussures SLab Ultra by FD, carquois au lieu d’une ceinture, flasques au lieu de la poche à eau…
Enfin, j’ai pu grâce à cette reco établir un plan de course relativement fiable (il est disponible ici et peut être téléchargé/personnalisé). Les dernières inconnues sont désormais : la gestion de la fatigue (147 km sans aucune nuit) et la météo…
Florence : sans pression ni objectif
Je connais déjà la TDS pour en avoir fait la moitié en 2019. Je m’étais arrêtée au Cormet de Roselend. Prépa compliquée par une cheville au Marathon du Mont-Blanc et TFL qui s’enflamme dans la descente à Bourg-Saint-Maurice. J’avais pourtant kiffé toute cette première partie depuis Courmayeur. Derrière, ce fut nettement plus compliqué, avec la montée au Passeur sous une chaleur de dingue. La reco m’a fait comprendre que le reste n’est pas de tout repos non plus !
Cette année, j’ai décidé de partir sans pression ni objectif. Je prends le départ et on verra bien. Les pieds ne sont pas dans un super état, je garde le TFL à distance mais sur le fil… alors si la douleur devient insupportable, je n’aurais aucun scrupule à mettre le clignotant. Mais j’aimerais quand même voir Beaufort. Les Contamines, ce serait le kiff total car c’est mon jardin d’enfance. Et après… Ben ce sera comme je dis toujours : un pas après l’autre si la barrière horaire m’y autorise ! Cette trace TDS, c’est une boucherie mais c’est aussi tellement beau.
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