Voilà, on y est. Dans une semaine jour pour jour, vendredi 26 août 2022, je passerai sous l’arche de départ de l’UTMB. Sans doute les yeux un peu mouillés, la musique entêtante de Conquest of Paradise de Vangelis aura fait son travail, sur la tête et le cœur. La montre sera lancée, le dossard 1351 sera en course. L’objectif est à la fois modeste et ambitieux : être finisher. Mais pour cela, il faudra que je fasse le tour complet du Mont-Blanc si je veux repasser cette même arche le dimanche 28 en début d’après-midi.
Le corps est prêt (enfin je pense !) mais la tête… La phase d’affûtage est cette période avant un événement majeur de sa saison sportive où on lève le pied en termes d’entraînement pour arriver avec de la fraîcheur et de l’envie sur la ligne de départ. Tout cela est bien beau en théorie mais, dans les faits, cette « dernière ligne droite » avant de se mesurer à son objectif principal est l’occasion de sacrées montagnes russes mentales.
La peur de mal faire, de « gâcher » cet UTMB
Une minute, on se sent prête, forte, au taquet. La minute suivante, on rumine des pensées sombres. Finalement, à bien y réfléchir, ce n’est pas tant la peur de l’échec que la peur de mal faire. Pas envie de me faire arrêter sur les premières barrières horaires un peu serrées du départ. Pas envie de « coincer » dès la première nuit. Pas envie de ne pas suivre le plan de course. Pas envie de décevoir les proches qui croient en toi (et, sans vouloir, te mettent un peu la pression quand même). J’ai quand même une sacré chance : cette année, j’ai ce précieux dossard de l’UTMB que beaucoup rêvent de pouvoir un jour accrocher… Pas envie de gâcher cette chance, en somme.
Alors on se fait quand même quelques runs par-ci, par-là pendant cette phase d’affûtage. Ça rassure, ça donne un petit shoot d’endorphine qui fera qu’on aura un peu moins cette boule au ventre. Cette tension un peu permanente qui fait qu’on pense à cette course un peu trop souvent à notre goût pendant les quinze derniers jours qui précèdent le départ. Il y a tant de paramètres auxquels faire attention. Ou alors aucun. C’est ça les montagnes russes mentales. On se fait des nœuds au cerveau et puis on relativise.
Esprit cartésien, es-tu là ?
Après tout, sur les premières éditions, ils y allaient avec des chaussures aux semelles quasi lisses, avec un T-shirt en coton et un sac à dos de rando. Et ils étaient finisher. Après tout, tu n’as jamais été vraiment malade en course alors pourquoi cette fois-là ? Après tout, t’as zappé 98 % de tes séances de gainage mais ton corps a quand sacrément pris l’habitude des chocs répétés sur les sentiers alpins avec un sac à dos lesté…
Après tout, tu as suivi le plan d’entraînement au mieux. Après tout, ce n’est jamais qu’une belle bambée sur ton terrain de jeu favori. Après tout, il y aura la famille et les amis sur les bords du chemin, aux ravitos et à l’arrivée. Après tout, il n’y a que toi qui te mets la pression, personne d’autre ne t’en voudra si tu ne finis pas. C’est toi contre toi-même. Mais ça peut aussi être toi avec toi. Le corps et l’esprit.
La projection visuelle contre les idées négatives
L’astuce pour contrecarrer tout ça, c’est de se créer des images mentales. Je prends le départ, je me vois courir avec mes nièces et franchir la ligne d’arrivée. Je passe aux Contamines sous le regard de ma famille. Je grimpe le Grand Col Ferret, mon col favori même si pas le plus simple. Je profite de la vue en haut de la Tête aux Vents (là où j’étais partie comme une idiote en spirale négative l’année dernière sur l’arrivée de la CCC). Je discute avec ma ravitailleuse en chef, Virginie, à Champex et Trient.
Tout ça permet de dédramatiser la situation. Toutes ces bonnes sensations anticipées, c’est autant de billes pour moins stresser en amont et même pendant. On sait bien qu’il y aura des hauts et des bas. Des très bas même sans doute. Mais ça, on le verra un pas après l’autre. Un ravito après l’autre. Jusqu’à la ligne d’arrivée. Incha’Allah !
Ah, ah. Oui. Les origines. J’ai vu le départ de la toute première édition au début des années 2000. Je me souviens bien de ces fous dingues, quasi des pieds nickelés par rapport à maintenant, passer, depuis le jardin de mes parents qui se situe au début du parcours. On s’était même demandé ce que c’était vu l’inexistence médiatique de la chose à l’époque 🙂
Bravo pour votre gnaque !👍
Bon temps et bon courage !
Prudence aussi🤞
Bonjour,
Un seul remède « se faire plaisir, s’aimer et tout ira bien » Que la forme et la force soient avec vous. Amicalement. Françoise
Bravo pour cette entreprise , c’est un endroit magique qui vaut toutes les énergies qu’on peut y mettre. Nous serons avec vous.
Quel challenge et qu’elle expérience
Yvette et Pierre
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