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UTMB 2022 : aveu d’échec

Ça ne s’est pas passé comme je l’avais imaginé. S’arrêter en Italie à Courmayeur à la mi-journée le samedi, ne pas franchir l’arche d’arrivée à Chamonix le lendemain… ce n’était pas dans mes plans. Même si je savais que ce serait une possibilité. Je ne suis pas partie la fleur au fusil. Cet UTMB, il avait été bien préparé. Mais force est de constater que, tant qu’on n’a pas pris le départ, on a beau se faire 12.000 scénarios, la réalité dépasse largement la fiction. Cette course, ce n’est pas rien. Et ce n’est pas sans raison qu’il y a en moyenne un peu plus de 30 % d’abandon. Tellement de choses peuvent s’y passer.

Et tellement de choses se sont passées. J’ai tellement stressé en amont de la course et juste après le départ. J’ai été une sale gamine dans la descente du col de Voza, direction Saint-Gervais, quand, après le coucher du soleil et alors que ma frontale était à portée de main, j’ai dévalé les pentes sans lumière. Juste pour le fun de jouer avec le risque de me faire une cheville. Sans doute histoire de lâcher un peu la pression. Pas de bobo heureusement.

L’UTMB commence après 30 kilomètres

La pression, je l’ai sentie bien présente jusqu’au vrai début de la course pour moi, c’est-à-dire après les Contamines et Notre-Dame-de-la-Gorge. Pas mécontente de laisser derrière moi tous ces faux-plats montants. Bref, il m’a fallu un peu plus de 30 kilomètres d’échauffement pour me sentir dedans. À ma place. La nuit m’appartenait, même si la densité de coureurs était forte. Pas moyen d’être un peu seule mais on a fait avec.

Et puis j’ai eu froid. Et puis j’ai eu sommeil. Une chape de plomb s’est abattue. Pas de douleur, mais des nausées et l’impossibilité de relancer. Manger était un calvaire auquel je me suis astreinte mais sans que le corps ne semble absorber ce que je lui donnais.

Les données captées par Supersapiens me le disaient. La glycémie demeurait inlassablement basse. Le cardio aussi, qui refusait de monter dans cette longue grimpette du Col de la Seigne. Quand j’ai touché le soleil tout en haut de cette grosse difficulté, j’ai cru que ça irait mieux. Mais les frissons ont continué. Et j’ai compris la mise en garde du coach : « attention, les Pyramides Calcaires, on peut y perdre beaucoup de temps ». Je confirme. Quel chantier, ce pierrier !

Pyramides calcaires
Dans le chantier des Pyramides Calcaires, dans le deuxième quart de l’UTMB. Crédit : Florence Santrot.

J’ai vu, j’ai (un peu) compris, je reviendrai

Le reste jusqu’à Courmayeur ne fut qu’un long calvaire. Impossible de trottiner sans être immédiatement essoufflée et épuisée. Cette envie de dormir qui revenait à chaque montée. La descente bien technique façon kilomètre vertical sur le gymnase de Dolonne, au milieu de la course de l’UTMB, a fini par avoir raison de moi. J’avais perdu beaucoup trop de temps. La barrière horaire a mis fin à mon calvaire. Ça s’est terminé avec des larmes. Mais aussi avec des câlins de ma famille et d’une Virginie qui était au taquet.

Aujourd’hui, j’ai le moral dans les chaussettes. Je m’en veux, un peu. Même si, sur le moment, je ne voyais pas comment faire mieux. Fracture du mental ou pas, j’ai engrangé de l’expérience. J’ai compris que je n’étais qu’une bleusaille sur ce type d’ultra. 100 kilomètres, une nuit, un peu plus de 24 heures, je connais. 170, c’est vraiment autre chose. Même si je me suis arrêtée à la moitié, après 83 kilomètres et quelques, je comprends un peu mieux ce qu’il se passe à Courmayeur. Ce qui peut faire qu’on repart vers l’enfer, le sourire aux lèvres. Ou pas. Mais qu’on repart.

Malgré la difficulté, le trail ça reste quand même le sport le plus stylé au monde, avouez. Crédit : Florence Santrot.
Malgré la difficulté, le trail ça reste quand même le sport le plus stylé au monde, avouez. Crédit : Florence Santrot.

Le défi maintenant est de savoir accepter l’échec

J’ai aussi compris la difficulté de cette première nuit. Ces 17 kilomètres sans ravitaillement entre les Chapieux et le Lac Combal. Ces proches qui nous soutiennent à Saint-Gervais, aux Contamines mais qu’on ne reverra pas avant Courmayeur le lendemain midi. C’est long, douze heures sans eux. Il faut apprendre à gérer ça, aussi.

Bref, il y a eu tout un tas d’erreurs dans la gestion de ma course et bien trop de stress les jours précédents (voire les semaines). Il faut maintenant digérer cet échec. Ou plutôt cette leçon, si on veut positiver. Ça prendra un peu de temps à n’en pas douter. Il y aura d’autres courses avec Julie, Alexis – qui ont fait de superbes choses cette année – et les autres. Et je sais que je n’en ai pas fini avec l’UTMB. L’an prochain ou un autre, je serai à nouveau à 18 heures devant l’église de Chamonix. Avec un sac trop lourd, des jambes qui flageolent mais surtout l’envie d’en découdre à nouveau.

UTMB : I'll be back ! Crédit : Florence Santrot.
UTMB : I’ll be back ! Crédit : Florence Santrot.

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7 commentaires sur “UTMB 2022 : aveu d’échec”

  1. Retour de ping : Flo, Jim et l'UTMB - Plus loin plus haut

  2. tout le monde est fier de toi !!!ce que tu as fait n est pas un échec …tu es partie et a été jusqu au bout de tes forces…..tu es une fille exceptionnelle et..a tout point de vue d ailleurs !!!!!

  3. Retour de ping : Apple Watch Ultra : le grand test complet pour le trail - Plus loin plus haut

  4. C’est une aventure incroyable que tu as vécu. Je comprends ta déception, pour quelques min de la barrière horaire mais tu en reviendras plus forte. Et l’an prochain tu seras plus sereine pour vivre cette aventure de dingue. Tous mes respects en tout cas d’oser s’aligner sur 170 kms !!!

  5. Retour de ping : L'échec en ultra-trail : une épreuve ou une leçon ? - Plus loin plus haut

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